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Je suis née dans la cité des images en 1967.

Des Vosges, il me reste le souvenir de magnifiques forêts, le graphisme de ses arbres, le vert sombre des sapins, le son des cascades qui coulent le long des rochers et l’odeur de la mousse.

J’ai toujours aimé observer, regarder les détails.

Ma mère aimait coudre. Étant  jeune elle travaillait dans une usine textile avec mon père. Je me souviens de sa manière de toucher les tissus, de les froisser dans sa main afin de se rendre compte de sa qualité. Dans le grenier de ma grand-mère se trouvait des grandes tuniques en lin avec des boutons de nacre et une robe noire brodée avec du gros fil brillant. C’était un vrai bonheur de les manipuler.

Ma formation de tapissière décoratrice vient sans doute de tout cela ?

En parallèle je suis artiste peintre.

Ce qui me plait dans ces deux disciplines et ce qui les lient, c’est le plaisir d’inventer, de jouer avec les couleurs, les matières et les techniques.

Le hasard de mon métier de tapissière m’a conduit dans le Loiret. Je travaille maintenant chez moi à Adon. De mon atelier, j’observe la nature et le rythme du travail des champs.

L’arbre de mon enfance réapparait. Il se mêle à la force de ces géants noueux malmenés par la Loire. Sons, odeurs, rythme du temps, matière de l’écorce et le tracé de ses branches sont des sources d’inspiration.

Depuis les années 80, je participe à des cours de peinture, dessin, collage avec différents professeurs d’art. Je continue à suivre des stages auprès d’artistes renommés comme Jean-Maxime Relange, Peter Casagrande, Rogine Doré ou Serge Saunière.  Ils m’aident à parfaire ma technique et développer mon imaginaire.

La peinture est un moment à moi, une façon de m’exprimer.

Parfois je commence à l’encre afin de créer un fond sans idée préconçue. C’est à l’huile que je construis petit à petit. Cette matière me laisse le temps de travailler. Je la sculpte, la caresse, la griffe. Je travaille plusieurs toiles en même temps au fil des envies et des contraintes techniques du séchage. Je suis à la recherche d’équilibre, de profondeur, de lumière.

Le choix et le travail des couleurs est pour moi très important. Les poser sur la toile est un moment de joie. Qu’elles soient vives ou sombres, qu’elles soient en associations audacieuses, c’est par elles que la vie apparait.

Le sujet est prétexte à se réinventer à chaque fois et à se laisser porter par une émotion. La représentation de ce que l’on connaît n’a pas d’importance et chacun peut inventer sa propre histoire.

Le métier de tapissière se mêle maintenant à celui de peintre. L’évolution de mes expérimentations m’amène à peindre sur du tissu. Il me permet de « sortir du cadre » et de travailler la transparence, l’opacité et la lumière. Entre décoration, œuvre d’art et design, le tissu accepte tout. Je peux le peindre, le coudre, le trouer, l’effilocher, le raccommoder ou le broder d’autres matières.